"Parcours Croisés" - Chapitre 12
Parcours croisés - Mardi
Chapitre 12
Véronique
La petite dame ma fait de la peine. Elle vend sa maison devenue trop grande pour elle, trop difficile à entretenir aussi : et cest vrai quil y a quelques travaux à faire. Elle ma raconté dun air enjoué quelle partait vivre chez son fils, mais son regard était triste. Toute sa vie est là, en bibelots surchargeant les étagères, photos
mariages, voyages, s et petits-s, une vie sur les murs, sur un buffet, et dans son regard qui se perd dans le vague, les mains qui se crispent en replaçant un napperon, en tournant un peu une boule à neige, en redressant le baromètre de lentrée.
Jai rempli la fiche de vente sur un coin de la table du séjour en buvant le café quelle ma offert.
En la quittant, jai consulté mon agenda : plus quun rendez-vous, une demi-heure de route.
Sur mon portable, trois messages de Martina, et je lui ai passé un SMS :
- « 14h25 - sur la route appelle-moi B ».
Jétais au volant quand elle ma appelée. Mon dernier rendez-vous est à peine à 15 km de chez elle : je marrêterais
petite angoisse à rencontrer son copain, mais comme de toute façon on se rencontrera demain soir, autant faire sa connaissance
je me tiendrai bien devant lui
ça sera difficile de ne rien montrer, me tenir à distance, copine-copine
je me tiendrai bien
ça serait vraiment idiot de mafficher, et ça la mettrait mal à laise ou elle me repousserait, tout sauf ça ! Je veux que ça dure entre nous, mais si je sais quelle aime cet Alain ; je sais que cest lui quelle choisirait, aucun doute là-dessus, et finalement
la situation telle quelle est me convient
je me tiendrai bien
Le proprio nétait pas sur les lieux quand je suis arrivé à mon dernier rendez-vous de la journée ; jai attendu presque une heure dans la voiture ; ça ma mise de mauvaise humeur et jai été désagréable pendant toute la visite. Cet imbécile me draguait ; petit sourire entendu, remarques libidineuses, et il faisait le malin.
17h00
« au plaisir de vous revoir ! »
tu parles ! en plus il a la main molle et humide, beurk !
Jai regardé la carte avant de partir : inutile de téléphoner, je trouverai.
Jai reconnu la voiture de Martina, garée devant la maison. Cest elle qui est venue mouvrir, enveloppée dun paréo noué au-dessus de sa poitrine, le serrant dune main sur ses cuisses pour lempêcher de souvrir. Quelques gouttes de transpiration perlent sur son front :
- Tu sens la plage !
- Je bronzais sur la terrasse, viens ! On étrenne nos lits-piscine tout neufs !
Je lai suivi, abandonnant mon sac sur le canapé du salon au passage :
- Jolie maison, dis-donc ! de lespace, lumineux !
Elle se retourne en riant :
- Eh ! tes plus au boulot ! On vend pas !
La première chose que jai vue en arrivant sur la terrasse, cest un homme allongé nu à plat ventre, la tête reposant sur ses bras. Martina sest tournée vers moi, un doigt sur la bouche et a chuchoté :
- Il dort
chhhhut !
Elle a ramassé une serviette de bain et la tout doucement déposée sur ses fesses et le haut de ses cuisses :
- Je te présente Alain
- Au premier abord, il mest déjà sympathique
et jolies épaules
- Eh ! cest pas ses épaules que tu regardais !
Non, cest pas sur ses épaules que je métais arrêtée
mais sur son cul
bronzé
bien dessiné
un beau cul, vraiment
et maintenant je vois ses cuisses couvertes dun fin duvet blond, et ses larges épaules creusées dun sillon au milieu du dos, muscles saillants dans cette position, luisants de transpiration.
- Ferme, la bouche, Véro, et arrête de le détailler comme ça ! rien que ce regard pourrait le réveiller !
Elle rit en se mordant la lèvre :
- Il est beau, non ?
- Eh bien
vu comme ça
pas mal
pas mal du tout !
Elle sest assise sur une chaise et ma montré le lit-piscine pour que je my installe.
- Vous faites club naturiste ?
- Tu veux participer ? mets- toi à laise
-
si tu étais seule
mais ça lui ferait un choc
et puis je suis pudique, moi !
Martina a fait une petite moue dubitative :
- Pas toujours, ma belle, pas toujours
et puis lui, se réveiller et découvrir deux femmes nues à ses côtés, je parie que ça lui plairait ! Viens, on va le laisser dormir
Elle a tendu la main pour me relever et nous sommes allées dans le salon :
- Tu viendras demain, bien sûr, cest daccord ?
- Oui, je viendrai. On sera nombreux ?
- Christophe et Jonathan, nous trois, et notre voisine, Annie.
- Cest qui ? Tu la connais depuis longtemps ?
- Hier matin !
- Ah
sympa ?
- Oui, très, tu verras, je suis sûre quelle te plaira
- Oh ?
- Si, si, tu verras, très nature, et amusante !
- Elle vit seule ?
- Non, mais son mari, est routier, il nest pas là !
Martina est assise en travers, une jambe repliée sur les coussins. Son bras est posé sur le dossier et elle joue avec mes cheveux. Son paréo baille largement sur ses jambes nues et comme sur la terrasse son sexe exposé attire irrésistiblement mon regard. Elle attire mon visage vers elle et membrasse doucement au coin des lèvres, deux, trois petits baisers, du bout des lèvres. Jouvre les lèvres, jen veux plus
et elle lèche mes lèvres dun bout de langue. Elle prend ma main et la pose sur sa cuisse, garde sa main sur la mienne, la caressant du bout des doigts. Ma main glisse vers louverture de ses jambes, et de lindex levé je remonte sur la fente entre ses lèvres, joue avec son brillant, caresse doucement cette chair si douce, entièrement épilée. Elle gémit doucement et presse sa bouche sur la mienne, cherche ma langue de la sienne
- Bonjour !
Je sursaute et me redresse brusquement .
- Mais ! Bon sang, mais cest toi ? Véronique ? ça, alors
Et il éclate de rire. Quoi ? Quest-ce quil lui prend ?
je veux partir
loin
Il sassoit sur la table basse en face de nous, se penche et me secoue lépaule :
- Eh ! Véro ! Jai tellement changé ?
- Tu la connais ? Véro, tu le connais ?
Jose enfin lever la tête, Martina me regarde, yeux écarquillés, et je regarde, et :
- Oh ! merde ! Alain
mais
- Oh oh ? Je peux savoir ? eh ! je suis là !
Je le regarde et je ris avec lui,
et
brusquement je repense à la situation dans laquelle il nous a surpris et je rougis violemment.
Il se penche vers moi toujours en riant et membrasse dans le cou en me secouant gentiment par lépaule :
- Martina ma parlé dune Véronique ! mais jimaginais pas que ça puisse être LA Véronique !
Martina a les mains sur les hanches, nous regarde tour à tour, et prends un air fâché :
- STOP ! on arrête ! Vous jouez à quoi ? Alain ! explique !
- Daccord, daccord, attends
toi ou moi ?
-
toi, vas-y, explique, toi
- Ok
Alain a pris les mains de Martina dans les siennes, et il nous regarde lune après lautre, un grand sourire plaqué sur le visage. Il est toujours aussi beau ! bien sûr que je le reconnais, pas le genre de type quon oublie
- On a été étudiants ensemble. On a passé deux ans à fac : mêmes soirées, mêmes copains, mêmes conneries
et puis, tes partie dans le midi, cest ça ?
-
oui
Marseille
- Et tes là ! ca alors ! incroyable ! Tu vois Martina, jaurais dû savoir, jaurais dû men douter quand tu mas parlé delle, quand tu mas dit que tu laimais
- Hein ??
Martina lui a dit quoi ?
je veux disparaître
je rêve
je vais me pincer, je vais me réveiller.
Martina me regarde, regarde Alain, lui enlève une de ses mains et prend la mienne :
- Tu la connaissais avant moi, alors
- Oui
jai 10 ans davance, Tina ! Cest génial de se retrouver
Il est resté là, assis sur la petite table, tenant la main de Martina, Martina tenant la mienne, et il a raconté, les 2 ans de fac, les cours déconomie, les virées au ski, les échappées à La Baule, les restos, les fous-rires, les soirées qui traînaient jusquà laube à refaire le monde, les bouteilles de vin qui circulaient, les matelas étalés dans une chambre minuscule.
Il sest arrêté. Il est allé nous chercher un verre de jus de fruit.
Il sest rassis, ma fait un petit signe interrogateur, a regardé Martina, et il a raconté encore.
- On passait tout notre temps ensemble, toujours le même groupe
et parfois on se retrouvait aussi de temps en temps dans un lit. On était trois garçons amoureux de deux filles, et on avait 18, 20 ans
je crois que jai passé plus de temps dans le lit de Véro que les autres
et plus de temps que dans le lit de Catherine
je crois
mais on en parlait pas
et puis Patrick est parti, et toi ensuite
cétait plus pareil
10 ans
Quand Alain a raconté, toutes les images sont revenues, par flashes, et puis jai eu peur quil parle de nos nuits, et il la fait, et Martina me sourit et serre ma main :
-
et on se retrouve
- Je ne suis pas surpris que vous vous soyez trouvées, toutes les deux
elle lui a dit
elle lui a dit pour nous deux
et je ne sais pas quoi en penser
je savais quelle était folle amoureuse de son copain ; Christophe, qui voit tout, qui me voyait avec Martina, qui se doutait, ma parlé delle et de lui, ma prévenue que je ne pouvais pas exister entre eux deux. Et voilà, cest Alain, et elle lui a tout dit,
tout ?
sans doute, je la connais assez pour savoir que oui
Martina se lève, se penche vers moi et membrasse sur la bouche. Elle se retourne vers Alain, le prend dans ses bras et lembrasse aussi :
- Vous avez dix ans à rattr et moi jai un travail dinfirmière à assurer
- Quest-ce quil se passe ?
- Annie a un petit souci, je la soigne
- Grave ?
- Non, un truc de filles, cest rien
jy vais
vous avez pleins de trucs à vous dire
- Tu vas chez elle ?
- Une petite heure, pas plus. Véro, tu restes ce soir ! Je te laisse pas partir ! Vous aurez aussi plein de choses à me raconter. Je veux tout savoir
Martina nous a laissé. Alain est venu sasseoir sur le canapé à côté de moi ; il a passé son bras sur mes épaules et ma serré contre lui.
Pendant un long moment, il na rien dit et moi non plus. Jai fermé les yeux. Je me suis souvenue. Sa force, son calme, sa douceur, nos nuits
jétais amoureuse ? un peu
de Pascal aussi
un peu
Il ma raconté sa rencontre avec Martina, je lui ai raconté les dix années passées, mes amours
déçues, souvent
ma découverte des amours au féminin
sa main était plongée dans mes cheveux, caressait une oreille, ma joue, je retrouvais ses gestes
son mariage raté
je lui ai raconté mes efforts pour séduire Martina, les instants volés et il souriait en enroulant une mèche de mes cheveux autour dun doigt
et on sest tus.
Ma tête sur son épaule, une main sur son torse, sa main dans mes cheveux :
- Je vais arrêter
avec elle, Alain ; je sais à quel point elle taime ; je sais ; je veux rester votre amie ; je veux pas vous perdre
- Véro
tais-toi
tu la connais assez
tu sais quelle est forte
plus que nous
et que cest elle qui décidera
alors tais-toi
Martina est revenue vers 8h00, nous étions toujours dans le canapé :
- Allez mes amours, on mange ! Et vous me racontez ! Je veux tout savoir !
Elle se retourne, attire vers nous une jeune femme brune :
- Je te présente Annie !
et voilà Véro
Vous maidez à préparer ?
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